Le bilan orthoptique
La vision, ce n’est pas seulement voir net, c’est aussi se servir de ses deux yeux de façon synchronisée : on parle de vision binoculaire. La vision binoculaire permet en effet de voir le relief, et d’avoir un champ de vision plus large (de l’ordre de 180° chez l’humain).
Qu’est-ce qu’un bilan orthoptique ?
C’est un état des lieux du fonctionnement de la vision, et notamment de la vision binoculaire, par l’analyse de différents paramètres :
Acuité visuelle
La vision est-elle bien nette ? Une note est donnée /10. Les yeux font-ils bien la mise au point, le focus (l’accommodation) ?
Versant sensoriel (vision binoculaire)
les deux yeux « travaillent-ils bien ensemble, de façon synchronisée » ? le cerveau interprète-t-il bien les images venant des deux yeux ? Ces deux images sont-elles bien fusionnées ?
Versant moteur (oculomotricité)
Les yeux bougent de façon coordonnée, on regarde à droite, à gauche de près, de loin, ils suivent la ligne à la lecture et passent à la ligne suivante… Pour cela, nous avons 6 muscles oculomoteurs qui vont mobiliser les yeux en les amenant vers ce que l’on regarde, toujours de façon synchronisée.
Pourquoi faire un bilan orthoptique ? Quand consulter ?
Le bébé
strabisme, nystagmus, mouvements oscillatoires involontaires des yeux, torticolis, l’enfant fixe toujours dans une position du regard donnée, manque d’intérêt aux stimuli visuels, errance du regard, un enfant qui ne suit pas, des clignements anormaux, un enfant qui plisse les yeux, comme s’il forçait, un enfant qui présente un retard dans le développement psychomoteur, qui est maladroit
L'enfant
strabisme, nystagmus, mouvements oscillatoires involontaire des yeux, torticolis, un enfant fixe toujours dans une position du regard donnée, des maux de tête, une fatigue visuelle, des douleurs rétro orbitaire, des brulures oculaires, une vision floue, une vision double, difficultés à la lecture, trouble de la concentration…
L’adulte
Maux de tête, fatigue visuelle, douleurs rétro orbitaires, brulures oculaires, vision double, strabisme, paralysie oculomotrice, sensation d’instabilités, vertiges, difficultés pour passer de la vision de loin à la vision de près ou vice versa.
Comment se déroule un bilan orthoptique ?
Un bilan orthoptique dure de 20 à 30 minutes, il se déroule en plusieurs temps :
- Tout d’abord l’orthoptiste prend votre ordonnance et crée votre dossier en renseignant les données administratives.
- L’orthoptiste réalise ensuite un interrogatoire minutieux lors duquel le patient explique, dans un premier temps, pourquoi il vient (de quoi se plaint-il ?). Les antécédents généraux (pathologies général et traitements en cours, qui pourraient influencer la vision et la vision binoculaire) sont alors relevés. Ensuite, les antécédents familiaux sont passés en revue (facteur d’hérédité). Pour finir, bien entendu, sont notés les antécédents ophtalmologiques (dernière consultation ophtalmo ? de quand datent les lunettes ? chirurgies dans le passé ?)
- Une fois l’anamnèse terminée les examens se déroulent en fonction du type de plaintes et des résultats, au fur et à mesure.
En général, il comprend :
- une réfraction/une acuité visuelle : la vue est -elle bien nette ? y a-t-il un besoin de lunettes ? ou encore, s’il y a déjà des lunettes sont-elles encore adaptées ?
- un test de la vision stéréoscopique, c’est-à-dire, de la vision des reliefs. La vision des reliefs reflète la qualité de la vision binoculaire, puisque, plus fine est l’acuité stéréoscopique, meilleure est la vision binoculaire.
- un examen de la sensorialité : il s’agit alors de savoir si le patient « regarde » avec les deux yeux en même temps, ou bien s’il est capable de le faire, de savoir s’il neutralise (c’est-à-dire si le cerveau « supprime » une des deux images…etc.)
- une mesure de la déviation : y a-t-il une déviation, un strabisme, une hauteur (un œil plus haut que l’autre) ?
- une appréciation de la motilité oculaire, afin de voir si les muscles oculomoteurs fonctionnent tous correctement ou non, et, la mesure du PPC (Le punctum proximum de convergence est le point le plus proche vue simple, autrement dit, on regarde comment le patient louche)
Points cléfs
L’orthoptiste étudie la qualité de la vision binoculaire pour comprendre la survenue de certains symptômes. La vision binoculaire est la vision simultanée des deux yeux pour permettre de voir le relief et d’élargir notre champ de vision. Pour qu’elle soit possible, il faut :
Que chacun des deux yeux donnent une image nette et quel que soit la distance : l’œil est un véritable appareil photo, plus l’image est près, plus il fait le « focus » : c’est l’accommodation.
Que ces deux images de l’œil droit et de l’œil gauche se fusionnent et permettent alors de donner les notions de distance, de reliefs. Pour cela :
- Les deux yeux doivent se diriger dans la même direction quelle que soit la distance. Si la cible que l’on regarde est près, les yeux convergent vers elle : on louche, mais quand la cible s’éloigne, nos yeux divergent. Nous pouvons aussi regarder en haut, sur les côtés, balayer de gauche à droite pour la lecture…etc. Ce sont nos muscles oculaires qui permettent ceci (6 par œil)
- Le cerveau doit être capable de « verrouiller » les deux images ensemble. Il ne doit pas, par exemple, oublier une des deux images pour n’en utiliser qu’une.